Sur la trace de nos déchets alimentaires…

Un trajet en TCL jusqu’à Vénissieux puis direction boulevard Marcel Sembat. Une petite odeur nous a confirmé que nous étions bien arrivés.
Revêtus de gilets de sécurité, nous voici découvrant le circuit des déchets sur cette plateforme, guidés par une « Alchimiste ».
On plante le décor
Afin de diminuer le volume des déchets incinérés (objectif 50%), la Métropole de Lyon a organisé la collecte des déchets alimentaires. Quand on sait que les déchets alimentaires sont constitués à 70% d’eau, il saute aux yeux que leur traitement par incinération n’est pas adapté – voire une hérésie : cela revient à brûler de l’eau. Ainsi, depuis fin 2021, des bornes « à compost » permettent aux habitants de déposer leurs déchets alimentaires à proximité de leur domicile. Collectées de 2 à 4 fois par semaine selon les secteurs, leur nombre dépasse actuellement les 2000 (rappel des consignes)
Une fois collectés, des déchets alimentaires sont acheminés vers des plateformes locales et ensuite… c’était le but de notre visite chez les Alchimistes.
Passer des déchets à un compost de qualité
Sur le Grand Lyon, cette collecte représente le volume de 60 camions-bennes chaque semaine, soit environ 180 tonnes de déchets alimentaires des particuliers. Mais seulement 15 tonnes sont traitées à Vénissieux – qui est un petit site urbain (important pour la proximité mais aussi pour la pédagogie) ; le reste est traité par d’autres entités. Quant à Oullins, autre site des Alchimistes, il récupère les déchets alimentaires des restaurateurs et assimilés.

Nettoyage de la fosse (vidée)
Après avoir été pesés, les camions déversent les déchets dans une fosse ; ceux-ci sont ensuite triés à la main sur un « tapis roulant » pour supprimer les éventuelles erreurs.
Sur le Grand Lyon, on compte environ 8 % de rejet, les erreurs les plus fréquentes étant la présence de sacs en plastique, de bouteilles ou bocaux en verre et emballages divers.
Les déchets alimentaires, triés, sont ensuite mélangés selon une recette précise : 2/3 de déchets et 1/3 de broyat de bois (fourni par Racine, autre prestataire local de la Métropole), et c’est là que tout commence…
Une fois bien mélangé, le tas est déposé dans la cellule de 1ère dégradation. Et « la magie » opère : carbone, azote, eau et air interagissent avec les bactéries qui font monter la température à 60°, voire 80 °. Plus le « tas » est important, plus la température monte. Cette température élevée favorise la dégradation rapide des matières organiques et tue les éventuels pathogènes.
Puis la température diminue et d’autres organismes prennent le relais pour continuer la décomposition. C’est la phase mésophile.
Enfin, la phase de maturation permet d’obtenir un compost parfaitement décomposé, riche en éléments nutritifs. En 3 mois environ, le travail se fait jusqu’à jusqu’à atteindre le Graal, la loge « compost mûr ».
Bien entendu, le compost est régulièrement analysé en laboratoire pour vérifier sa qualité. A noter que cette décomposition neutralise les pesticides ce qui rend ce compost bio-compatible.
Un test en cours
Lors de notre visite nos regards ont été attirés par un certain nombre de sacs en plastique, remplis de déchets blancs. Des erreurs de tri ? Que nenni, mais des couches compostables. Ces couches sont collectées – à part – auprès de 26 crèches (et en phase de test à la maternité Lyon Sud ) mais ne suivent pas le même traitement. En effet, elles sont stockées dans une borne spéciale pour être compostées avec les boues d’épuration. en savoir plus
Mais les super-pouvoirs du compost vont bien au-delà de la réduction du volume incinéré !
En effet, il s’agit de rendre aux sols la matière organique, localement, sous forme de compost.
- Le compost enrichit le sol en matière organique, et crée un environnement favorable à l’installation et à la multiplication de diverses espèces de micro-organismes et de vers de terre. Ces organismes sont essentiels pour améliorer la qualité du sol et participer à la décomposition des matières organiques. Il joue donc un rôle clé dans la préservation de la biodiversité du sol.
- Il améliore la structure du sol, favorisant ainsi la rétention d’eau et l’aération. Un sol bien aéré et capable de retenir l’humidité permet aux racines de s’étendre facilement et de puiser les nutriments nécessaires à la croissance des plantes.
- Les cultures fertilisées avec du compost sont souvent moins sujettes aux maladies. En effet, un sol riche et équilibré favorise la résistance naturelle des plantes aux maladies et aux ravageurs. De plus, en réduisant la dépendance aux pesticides chimiques, le compostage contribue à améliorer la santé des écosystèmes locaux.
Des agriculteurs locaux utilisent ce compost depuis des années.
Le compost serait-il notre meilleur nouvel allié ? Les Alchimistes nous ont en tout cas éclairés sur ses vertus et chacun est reparti avec une boîte ou un sachet du précieux or noir. Nos plantes nous remercieront.
Et les Alchimistes ?
Les Alchimistes sont présents sur 26 agglomérations françaises. Leur mission est de sauver les déchets alimentaires de l’incinération et l’enfouissement pour les valoriser en compost et nourrir les sols.
Ils gèrent tous les aspects de la collecte de ces déchets, qu’il s’agisse de déchets d’entreprises (restaurants, hôpitaux…) ou de déchets des particuliers, via la collectivité locale
L’antenne de Lyon a été créée en 2018. L’équipe compte 35 salariés, issus à 60 % de personnes en parcours d’insertion professionnelle. L’entreprise est labellisée (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale). En savoir plus sur les Alchimistes
Dernières modifications: 10 juin 2025
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